A l’occasion de la publication de la 5e version de la carte interactive de l’UFC-Que Choisir, l’Association locale de Quimper révèle les proportions significatives des pollutions en pesticides dans l’eau du robinet du Finistère et réclame une véritable protection des ressources en eau du département.
L’Association demande en outre la mise en œuvre du principe pollueur payeur par un relèvement de la taxe sur les pesticides agricoles afin d’aider les petites communes à financer des actions de prévention et les traitements de dépollution qui vont considérablement augmenter la facture d’eau dans les prochaines années.
18 ans après le lancement d’Ecophyto qui prétendait diviser par deux l’utilisation de pesticides, plus de 30 ans après ‘Fertimieux’ qui promettait une utilisation raisonnée des engrais, l’agriculture industrielle du Finistère n’a aucunement changé ses pratiques et continue à polluer massivement les nappes phréatiques et les fleuves. Désormais :
- plus de 60 % des cours d’eau du département ont un Indice de Pression Toxique Cumulé (IPTC) en pesticides supérieur à 1, traduisant un niveau de risque inacceptable pour l’environnement ;
- la totalité de la région Bretagne est classée en zone vulnérable au regard des nitrates.
Pollutions agricoles : des réseaux d’eau potable pollués en ESA-metolachlore dans le Finistère
En 2025, 5 % réseaux du département dépassent la valeur réglementaire en pesticides, notamment du fait de la présence d’ESA-metolachlore, traduisant la difficulté des traitements de potabilisation actuels à faire face au niveau des polluants agricoles.
L’eau peut bien entendu continuer à être bue, compte tenu de la marge importante existant entre la limite réglementaire protectrice définie par la réglementation européenne et les valeurs sanitaires beaucoup plus élevées.
Une augmentation inévitable des coûts de dépollution dans les prochaines années
Les services de l’Etat estimaient les coûts de la dépollution en pesticides et en nitrates à plus d’un milliard d’euros par an en France, intégralement payés par les consommateurs. Mais au vu de ces contaminations, il est clair que ces estimations vont être largement dépassées à l’avenir car les techniques classiques de filtration atteignent leurs limites face aux nouveaux polluants. Les nouvelles technologies membranaires plus efficaces sont également beaucoup plus chères : jusqu’à quatre fois plus pour des petites collectivités ! D’ailleurs, les conséquences pèsent déjà sur la facture d’eau : en deux ans et demi, le prix moyen au niveau national a déjà augmenté de 16 %.
Les sources d’eau potable sans protection face aux pollutions
Trop peu de captages dans notre département bénéficient de délimitations d’aires d’alimentation, zones sur lesquelles les agriculteurs sont censés limiter l’usage de pesticides et d’engrais. Pire, seulement 1 % des exploitations agricoles sont contrôlées chaque année en France pour vérifier le respect des critères minimaux en matière d’environnement ! Pourtant des solutions existent ailleurs, comme à Lons-le Saunier où seule l’agriculture biologique est autorisée dans la zone la plus sensible du captage. Les mesures d’accompagnement pour passer en bio et les indemnisations versées aux agriculteurs conventionnels ayant limité l’usage des pesticides et des engrais de synthèse, sont largement compensées par les gains pour les consommateurs, puisque le coût de ces mesures revient seulement à 3 centimes d’euros par m3 d’eau distribuée.
Refusant que les consommateurs du Finistère continuent à être les seuls à payer le traitement des pollutions qu’ils subissent, l’UFC-Que Choisir de Quimper demande :
- Que le Préfet de notre département impose des mesures obligatoires de protection des aires d’alimentation de captages.
- Que le Préfet institue, lorsque les collectivités ou les syndicats producteurs d’eau le demandent, un droit de préemption foncier pour acquérir des surfaces agricoles dans l’aire d’alimentation de captages pour l’eau potable.
- Qu’au niveau national, la taxe sur les pesticides agricoles soit augmentée et aide les petites communes à faire face aux coûts croissants de la dépollution.
Explorez la carte interactive de l’eau !
